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Alerte au virus agricole occidental

• Dimanche 24/04/2005

Plus de 140 millions d'oiseaux morts, plus de 10 milliards de dollars de pertes pour les fermiers de l'Asie, la grippe aviaire est un dur coup à une agriculture tournée vers les marchés internationaux. Cette catastrophe est aussi la démonstration de l'ampleur qu'à prise l'agrobusiness dans les choix de productions agricoles, en dehors de l'OCDE où elle domine déjà.

Halte-là ! Ne sautez pas trop vite aux conclusions. J'ai écrit démonstration, pas preuve. N'empêche que le lien entre l'agrobusiness et l'apparition d'épidémies n'est pas forcément fortuit.

...à tout moment, l’émergence d’agents infectieux, qu’ils soient d’origine bactérienne ou virale, découle des modifications apportées par l’homme à l’écosystème.

Institut de recherche pour le développement. Maladies virales émergentes.
La transition vers une agriculture intensive, orientée vers les marchés internationaux, est sans nul doute le plus formidable défi jamais posé aux écosystèmes subtropicaux et tropicaux. Pas étonnant que ceux-ci nous prennent en grippe.

Partout le marché agricole se mondialise


On pourrait reprendre pour chaque région du monde dite en Technorati ce qu'écrit Sean Redding à propos de l'agriculture africaine : « the notion of the subsistence farmer who produces only what his or her family needs, and all that the family needs, is largely a fiction. »

Oubliez la vision bucolique d'un monde agricole autosuffisant. Ce monde n'existera jamais que dans nos fantasmes écologiques les plus fous. La réalité, c'est que le besoin de vendre une partie de leur production agricole motive les paysans du Technorati depuis belle lurette.

Ce qui est nouveau, c'est l'intégration des producteurs agricoles très fortement traditionnels des pays du Sud dans un système agroalimentaire de plus en plus mondialisé.

À qui profite cette intégration ? Devinez en lisant ce qui suit :
Dans le secteur du grain, les dix entreprises du top 10 mondial contrôlent environ 33% d’un marché évalué à 23,3 milliards de dollars ; dans celui des pesticides, les dix entreprises du top 10 mondial contrôlent environ 80% d’un marché évalué à 27,8 milliards de dollars.

Pierre Bielande. Un véritable système productiviste.
Le même article de la revue Defis sud nous apprend que le marché de la transformation représentait plus de 3 milliards de dollars en 1998, tandis les 30 plus grands distributeurs alimentaires avaient à eux seuls un chiffre d'affaires de 1000 milliards de dollars en 2003.

Or transformateurs et distributeurs alimentaires commandent des produits agricoles standardisés que seule peut livrer une agriculture où les intrants chimiques demeurent la norme malgré les ravages qu'ils peuvent causer.

Une maladie nommée profits

Dans un monde idéal, la demande de produits agricoles serait comblée par des producteurs cultivant la terre avec respect, bien au fait de méthodes ayant un impact limité sur les écosystèmes. Du moins c'est ce modèle qui devrait nous guider.

Dans le monde réel, c'est plutôt le modèle que prône l'agro-économiste haïtien Jean Érich René qui prédomine :
Haiti , pour maintenir l’équilibre de sa balance de paiement doit passer irrémédiablement, indubitablement à une agriculture latifundiaire. Seules les grandes exploitations répondent aux exigences de la concurrence. Seule la mécanisation agricole et les techniques modernes d’agriculture permettent de dégager un surplus.
Surplus certes, mais qui profite d'abord aux grandes entreprises agroalimentaires qui ne demandent pas mieux qu'une Technorati d'un modèle de production agricole leur permettant d'augmenter leurs chiffres d'affaires.

Biodiversité détruite par l'intensification de la production agricole, paysans dépossédés de leurs terres, risques sur la santé animale et risques alimentaires croissants, autant de symptômes d'une maladie alimentée par cet appât du gain.

Contre cette maladie universelle, un remède s'impose : la souveraineté alimentaire des peuples.

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