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Santé mentale de l'humanité : troublant

• Jeudi 02/06/2005

Je m'en veux de gâcher votre journée, votre soirée, votre nuit, où que vous soyez en ce moment, mais il faudra bien que la dure réalité vous habite le temps de lire ce billet : nous n'avons connu aucune amélioration de la santé mentale des populations partout dans le monde au cours des dernières années. Il y a même plus souvent eu dégradation.

Sur les dix principales causes d'incapacités dans le monde, cinq sont des problèmes de Technorati mentale, écrivait l'Organisation mondiale de la santé en 1999. En collaboration avec la Banque mondiale et l'Université de Harvard, l'OMS lançait alors un nouveau moyen de mesurer la charge des maladies: «l'année de vie corrigée de l'incapacité».

Quatre ans plus tard, l'OMS revenait à la charge dans son rapport annuel :

plus de 150 millions de personnes font une dépression à un moment donné et près d'un million se suicident chaque année; en outre, 25 millions environ souffrent de schizophrénie, 38 millions d'épilepsie et plus de 90 millions de troubles dus à l'abus d'alcool ou à l'usage de drogues.

Rapport sur la santé dans le monde 2003 (encadré 1.4).
Suit, l'année suivante, Investir dans la santé mentale. « L’ampleur des problèmes, les souffrances et le fardeau qu’entraînent les incapacités et les coûts pour l’individu, la famille et la société sont immenses », y écrit l'OMS qui estime à 450 millions le nombre de personnes dans le monde souffrant de troubles mentaux ou du comportement.

Une lourde charge économique et sociale

Vivre un problème de santé mentale ou avoir à sa charge un être humain qui vit des problèmes de santé mentale sont les deux faces d'une triste réalité, vous en conviendrez.

Savez-vous cependant à quel point la charge cachée et indéterminée de la santé mentale est lourde sur nos épaules ?

Outre la forte diminution du fonctionnement psychosocial et cognitif de l'individu touché par la santé mentale, les ressources émotionnelles et socio-économiques des parents sont fortement taxées.

Dans certains endroits, la situation est catastrophique. Près d'un pays sur trois n'a pas de budget en santé mentale. Pire, près d'un pays sur quatre qui en ont un consacrent à peine 1% de leur budget de santé à la santé mentale.

Hors les troubles mentaux vont vraisemblablement augmenter de façon disproportionnée dans les Technorati au cours des prochaines années selon un Guide des politiques et des services de santé mentale publié par l'OMS en 2003.

Un appel international à proposer des solutions

On comprend l'OMS d'avoir mis sur pied un premier forum international sur les services communautaires de santé mentale dont le but est de trouver des solutions qui vont permettre de réduire l’énorme charge mondiale des maladies liées aux troubles mentaux.

L'OMS veut recueillir, d'ici le 30 septembre 2005, un maximum d'expériences de réadaptation psychosociale communautaire, réussies ou ratées.

L'objectif ultime est de remplacer les grands hôpitaux psychiatriques par des établissements communautaires de réadaptation psychosociale.

Il va falloir beaucoup d'imagination pour trouver non seulement des démarches efficaces de guérison, mais surtout comment lever la barrière de la stigmatisation des personnes atteintes de maladie mentale qui les confinent à la marginalité.

Pour le respect, la dignité de vie et des soins appropriés, quoi de mieux qu'une Charte des personnes souffrant de troubles mentaux.

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Commentaires

par Annie Stasse le Samedi 04/06/2005 à 06:37

En France depuis que la précarité s'est accentué (20 ans environ) les hopitaux psy ont vu un nombre importants de malades arrivés, souvent SDF.

Alors c'est la poule qui fait l'oeuf ou l'oeuf qui fait la poule ?

Moi je pense que les gens en situation de souffrance sociale décompensent plus facilement que les autres car ils n'ont plus de cadre sociale pour les aider à se tenir debout. Ils décompensent de diverses manières : alcoolisme, depression, et aussi des psychoses larvées qui se révèlent.

Et j'en déduirai donc que la cohésion sociale a une importance primordiale dans la santé mentale. La solution n'est pas obligatoirement l'hospitalisation ou la camisole chimique. Mais l'insertion dans un travail (choisit et qui plait de préférence) est primordial. Ce qui n'est pas du tout le cas au niveau mondial au vu des taux de chomage atteignant des 30 %.


par michelmonette le Samedi 04/06/2005 à 11:08

C'est ce que dit aussi Marceline GABEL, chargée de cours à l'université Paris X Nanterre, dans Pauvreté et souffrance psychique. Par ailleurs, l'intégration sociale des personnes souffrant de maladie mentale - la désinstitutionnalisation (quel mot horrible !) que vous avez aussi en France - a ses ratés au Québec, dans un contexte de précarité d'emploi et de chômage élevé.

Le désinstitutionnalisé a remplacé le " fou du village ". Alors que ce dernier pouvait compter sur le soutien de sa communauté, le premier doit compter sur l'engagement des personnes oeuvrant dans les organismes communautaires, avec trop souvent de faibles moyens. Il faut lire l'article Santé mentale sur le site Mens Sana et La société dans le miroir de la santé mentale, de Jean Pichette (avec en prime une perspective québécoise), pour réaliser à quel point nous avons tendance à minimiser la maladie mentale.

Partout dans le monde l'exclusion sociale, avec son cortège de maladies physiques et mentales, est devenue le principal produit non économique de la mondialisation. C'est à l'échelle planétaire que le fou du village se retrouve seul.



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