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Hong Kong : le commerce agricole à une croisée des chemins

• Samedi 10/12/2005

La libéralisation des marchés agricoles est un volet majeur de la prochaine rencontre de l'OMC à Hong Kong, du 13 au 18 décembre 2005. La question est loin d'être purement académique. Pour des millions d'êtres humains, c'est même une question de vie ou de mort.

D'un côté, il y a ceux qui prêtent toutes les vertus à l'ouverture des marchés agricoles. C'est la bonne vieille théorie darwinienne voulant que l'espèce humaine, comme les autres, ne peut que s'améliorer dans la compétition.
 
D'un autre côté, il y a ceux qui craignent la tyrannie du libre-échange, avec son cortège d'appauvrissement des écosystèmes et des populations locales.

D'un côté, il y a ceux qui veulent développer une agriculture intensive, reposant sur la génétique comme alternative au chimique.

De l'autre, il y a ceux qui craignent la disparition des productions locales et l'envahissement de produits frankensteiniens dommageables pour la santé humaine.

Pour nourrir l'humanité, il faut produire davantage et tous les moyens sont bons, disent les uns.

La capacité des Technorati à nourrir seinement leurs populations repose sur une production Technorati «biologique», protégées d'une concurrance étrangère déloyale, destinées aux marchés locaux, répliquent les autres.

Pas facile de faire les bons choix, devant tant de certitudes de part et d'autre.

Mais il faudra bien faire l'effort de se parler et surtout de se comprendre, la situation actuelle ne peut plus continuer. Pour deux raisons :

  1. la Technorati de centaines de millions d'êtres humains, cette catastrophe silencieuse, risque de se perpétuer encore longtemps ;

  2. les écosytèmes sont très sérieusement amochés, en bonne partie à cause de l'agriculture intensive.
Loin d'être résolus, ces problèmes pourraient même s'amplifier dans les années à venir.

D'autant plus qu'il y a, au sein même de l'OMC, une nette dichotomie entre discours et réalité.

Pour reprendre le titre d'un texte de Zaki Laïdi du Centre d'Etudes et de Recherches Internationales (CERI), c'est le paradoxe de l'OMC.

Selon Laïdi, ce paradoxe vient du fait que «jamais le commerce mondial n'a été aussi politisé.»
L'OMC se trouve tiraillée entre trois missions particulièrement lourdes et assez contradictoires entre elles : se limiter à l'ouverture des marchés comme le veulent les émergents, prendre en compte les processus de régulation (environnement, santé, précaution, corruption, etc.) comme le souhaitent les pays européens, lier commerce et Technorati comme l'exigent les pays pauvres.
Il ne faut pas oublier que l'OMC ne fonctionne pas vraiment sur un mode consensuel, visant la recherche des meilleures solutions pour l'ensemble des pays, mais plutôt sur un mode de concessions réciproques.

Or les «concessions réciproques» dépendent de considérations sociales, culturelles et politiques propres à chaque pays. La quadrature du cercle, en somme.

Et c'est là où le bât blesse.

La vérité, c'est qu'il n'y a pas d'approche miracle, mais plutôt un ensemble d'approches possibles à adopter en fonction des pays et des secteurs agricoles concernés.

Ni une libéralisation tous azimuts, ni un protectionnisme agricole à tout crin, sont un gage de changements positifs.

En fait, ne faudrait-il pas enfin reconnaître pleinement, comme dans le cas de la culture, l'exception agricole?

Et sortir l'agriculture de la feuille de route de Hong Kong.

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Commentaires

Agriculture de proximité par Claude Gélinas le Lundi 12/12/2005 à 13:45

Traditionnellement, nous avions accès à des produits agricoles qui provenaient de notre région et ce, en grande quantité.

À force de toujours concentrer la production entre les mains de moins d'agriculteurs qui, en retour, croulent sous l'énormité de leur charge de travail, pas surprenant qu'on se réveille un beau jour avec la sensation que l'aliment n'est qu'un produit parmi tant d'autres produit par une multinationale qui souhaite, avant tout, maximiser son profit.

Il me semble que dans l'agriculture comme dans le reste, un équilibre entre plusieurs petits joueurs et quelques gros serait plus salutaire que la tendance actuelle qui voit les petits producteurs rachetés à rabais après des faillites.

L'agriculture de proximité doit être encouragée et, dans certains cas, protégée.



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