Le Secrétaire général Kofi Annan vient de produire un rapport dans lequel il propose d'importantes réformes de l'administration des Nations Unies. Ce rapport passe à côté du véritable problème: l'ONU est devenue une hydre à cent têtes, chacune repoussant joyeusement, chacune ignorant ce que fait l'autre.
Au fil des ans, de plus en plus d'opérations sur le terrain ont été confiées aux Nation Unies. À eux seuls, les missions de paix coûtent plus de 5 milliards de dollars chaque année. Mais elles ne sont pas les seuls ajouts qui ont complexifié l'administration d'une organisation devenue un éléphant dans un magasin de porcelaine.
Réformer le fonctionnement de l'ONU ne donnera rien si, au bout du compte, cela équivaut à perpétuer un système dans lequel la main gauche ignore ce que fait la droite.
L'autocritique est souvent le meilleur moyen d'éviter le changement. Annan a ainsi brillamment énoncé une série d'incapacités dont souffre l'ONU, dont la plus ironique est son «manque de cadres convenablement formés à la gestion». N'est-ce pas cette même organisation qui prétend montrer aux États pauvres comment gérer leurs administrations?
Ainsi, il faudrait doter le Secrétariat de l'ONU d'une équipe dirigeante «adaptée aux exigences de la gestion d’opérations vastes et complexes». Pourquoi ne pas plutôt donner aux États et aux regroupements régionaux d'État les moyens de mener ces opérations?
Au lieu de garder le cap sur l'impossible complexité, les États membres de l'ONU devraient ramener cette organisation à son rôle initial de forum international.
Mais soyons réaliste, ce n'est pas demain la veille que l'ONU va changer de direction. Cet immense paquebot qui vogue sur les eaux de la diplomatie et du développement a beaucoup trop de passagers qui ont intérêt à ne pas redescendre sur terre.
Certes, l'ONU souffre depuis de nombreuses années de pratiques de gestion déficientes et de manque de transparence dans son fonctionnement. Mais ce n'est pas du cynisme que de douter de sa capacité à surmonter ces difficultés, c'est du réalisme.
Le pire, c'est que Annan n'a rien trouver de mieux que de proposer l'embauche de gestionnaires supplémentaires et la délocalisation de certaines fonctions administratives. L'idée de se déplacer là où les salaires sont les moins élevés est un beau coup de jarnac diplomatique: qui peut en effet s'opposer à ce que l'ONU procure des emplois dans les pays moins riches.
Pourtant, il faut bien se rendre à l'évidence. Cette stratégie n'est qu'une fuite en avant de la part d'un Secrétaire général qui n'a que faire de la basse administration, tout occupé est-il à imaginer des discours creux qui ne font que repousser les échéances.
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