Le Programme alimentaire mondial a décerné sa récompense annuelle de la Journée internationale de la femme au bureau de la Zambie du PAM qui a mis en œuvre, dans deux camps de réfugiés congolais, des projets de mouture de grains où le partenariat hommes-femmes a joué un rôle déterminant. Le PAM mise sur une approche de partenariat pour changer les mentalités et ainsi pouvoir atteindre les objectifs de sa politique alimentaire. Fait-il le bon choix?
Elles ont bien besoin de changer, les fameuses mentalités.
Dans la section «Genre et développement» de son site Web SDDimensions, l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) rappelle que «les femmes sont les principaux acteurs de la petite production alimentaire.»
«Principales actrices» aurait été plus approprié, mais les mentalités ont une telle force que même cette évidence grammaticale ne peut leur résister.
Les mentalités sont les plaques tectoniques de la condition humaine.
Depuis que la Conférence de Beijing a lancé, en 1995, une plateforme internationale pour la fin des discriminations, en vue d'une réelle amélioration des conditions de vie des femmes, les pays peinent à transformer leurs engagements en actions.
Le cas des femmes des milieux ruraux est particulièrement révélateur de cet immobilisme.
Encore en 2002, la FAO devait rappeler cette évidence :
«sustainable agriculture and rural development and food security cannot be achieved by efforts that exclude more than half of the rural population.»En clair : les milliards de dollars mis dans l'aide au développement du monde rural ne produiront jamais de résultats allant dans la bonne direction, aussi longtemps que les femmes seront maintenues dans des conditions d'infériorité.
FAO. Gender and land compendium of country studies.
Le PAM et la FAO nous présentent une version onusienne du fameux dilemne de l'oeuf ou la poule. Faut-il d'abord changer les mentalités (comme le préconise le Programme alimentaire mondial) ou bien d'abord changer les conditions d'accès des femmes à la propriété de la terre (ce que met de l'avant la FAO)?
L'un s'attaque aux résistances mentales des hommes, l'autre aux mécanismes institutionnels qui perpétuent l'inégalité d'accès à la terre dont sont victimes les femmes.
Ce ne sont pas les actions en vue de changer les mentalités, mais les législations forçant le changement qui ont le plus d'impacts positifs. Le cas de l'équité salariale hommes/femmes en est un bel exemple.
Après tout, un partenariat entre inégaux ne sera toujours qu'une mascarade de partenariat.
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