Pince-sans-rire, le Secrétaire général de l'ONU Kofi Annan a invité les pays membres du nouveau Conseil des droits de l'homme à faire un «examen de l'action de tous les pays du monde dans le domaine des droits de l'homme , à commencer par ses propres membres». La question s'imposait d'autant plus que des pays tels la Chine et l'Algérie siègent bel et bien sur ce conseil qui remplace la Commission des droits de l'Homme.
Mais pourquoi donc, si l'on y retrouve des pays qui ne respectent
pas leurs engagements internationaux, remplacer la Commission des
droits de l'Homme par un Conseil qui se ridiculise avant même sa
première rencontre officielle?
La raison tient à un pari fait
par le Secrétaire général alors qu'il appelait les pays membres de
l'ONU à accepter la nouvelle formule: tout membre peut être destitué
«s’il contrevient de manière flagrante aux droits de l’homme.»
Il faut cependant un vote des deux-tiers des pays membres du Conseil pour destituer un pays. Un tel vote est-il possible?
Pour
nous aider à répondre à cette question, partons de la liste des 47 pays
élus sur le Conseil : l'Afrique du Sud, l'Algérie, l'Allemagne,
l'Arabie saoudite, l'Argentine, l'Azerbaïdjan, Bahreïn, le Bangladesh,
le Brésil, le Cameroun, le Canada, la Chine, la Corée du Sud, Cuba,
Djibouti, l'Equateur, la Finlande, la France, le Gabon, le Ghana, le
Guatemala, l'Inde, l'Indonésie, le Japon, la Jordanie, la Malaisie, le
Mali, Maurice, le Maroc, le Mexique, le Nigeria, les Pays-Bas, le
Pakistan, le Pérou, les Philippines, la Pologne, la République tchèque,
le Royaume-Uni, la Roumanie, la Russie, le Sénégal, le Sri Lanka, la
Suisse, la Tunisie, l'Ukraine, l'Uruguay et la Zambie.
Dans leur naïve
spontanéïté, les férus
d'arithmétique auront tout de suite calculé que cela prend 32 pays membres pour destituer un pays
fautif.
Prenons donc ce critère purement mathématique : les
pays qui respectent les droits de l'homme vont rapidement expulser du
Conseil les pays qui ne les respectent pas. Naïf comme critère, mais
jouons le jeu.
Cela élimine d'emblée l'Algérie, l'Arabie saoudite, l'Azerbaïdjan, la Chine, Cuba, la Russie et la Tunisie.
Un
examen plus attentif révèle que Bahrein, le Cameroun, Djibouti,
l'Equateur, le Gabon, le Guatemala, le Ghana, l'Indonésie, la Malaisie,
le Mali, le Maroc, Maurice, le Nigeria, le Pakistan, le Pérou, les
Philippines, le Sénégal, le Sri Lanka, la Zambie ne respectent pas
leurs engagements internationaux et ne devraient donc pas siéger sur le
nouveau Conseil des droits de l'Homme.
Cela fait plus de 26 pays sur 47 qui ont de bonnes raisons de tolérer des abus de la part des autres pays membres du Conseil.
Le
pire est que même parmi les 21 pays qui pourraient voter en faveur de
l'expulsion, la situation n'est pas forcément sans taches.
Alors,
d'un point de vue purement arithmétique, qui veut parier sur la
capacité du nouveau Conseil des droits de l'Homme de faire une
véritable différence?
Et nous ne parlons même pas de considérations politiques, voire commerciales.
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Bonjour,
Voici une petite note pour vous dire que j'ai grandement apprécié votre billet et que je me suis permis de vous cité dans mon billet.
Bisculis