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Les paysans n'ont pas dit leur dernier mot

• Mardi 01/08/2006

Un peu partout dans le monde, de nombreux paysans se suicident. Ils n'arrivent tout simplement pas à s'ajuster au marché. Tous ces drames pourraient-il être évités? Oui si l'on en croit Vandana Shiva du mouvement Navdanya. Ils sont de plus en plus nombreux dans le monde, comme elle, à lutter pour une autre agriculture.

Shiva est on ne peut plus claire: l'OMC et la Banque mondiale sont responsables du suicide de plus de 40 000 paysans en Inde seulement depuis 1998.

This genocide is a result of deliberate policy imposed by the WTO and the World Bank, implemented by the Government, which is designed to destroy small farmers and transform Indian agriculture into large scale corporate industrial farming.

Movement to stop the genocide of farmers.
Les petits producteurs Technorati de l'Inde se suicident parce qu'ils sont trop endettés. C'est la hausse des coûts de production combinée à la baisse des prix sur le marché, les deux phénomènes étant causés par le libre-échange et les politiques de libéralisation, qui entraînent cet endettement excessif.

Une tendance de fond à la baisse

Pour la plupart d'entre nous, que les prix aient baissé est facile à imaginer. Avec l'ouverture de son marché intérieur, l'Inde aurait accepté d'introduire une concurrence internationale qui désavantage nettement ses propres petits producteurs agricoles sur son marché intérieur.

Or, il semble bien que l'Inde protège son marché intérieur en maintenant une structure tarifaire et non tarifaire assez élevée. Imaginez l'hétacombe si elle cessait de le protéger.

C'est du côté des marchés mondiaux qu'il faut se tourner pour comprendre le phénomène. Selon les données de la FAO (Évolution récente des marchés des produits agricoles, avril 2005), on assiste à une tendance à la baisse des prix réels à long terme sur les marchés mondiaux.

La FAO s'est prononcé en faveur de la libéralisation des marchés agricoles dans le rapport La situation mondiale de l’alimentation et de l’agriculture 2005 (SOFA 2005). Elle a toutefois émis une importante mise en garde : des «infrastructures et les institutions de base doivent être mises en place avant l’ouverture des marchés agricoles nationaux à la concurrence internationale», et «des mesures compensatoires de transition ciblant les pauvres durant les premiers stades de la libéralisation du commerce».

Il se trouve que déjà, en plus de la tendance à la baisse sur les marchés mondiaux, plusieurs sont confrontés à un envahissement de leurs marchés intérieurs par des produits qu'ils n'arrivent pas à concurrencer.

Où sont les mesures compensatoires de transition pour ces paysans que leurs gouvernements n'ont tout simplement pas les moyens de soutenir?

Mainmise sur les intrants

Ce que propose la FAO serait-il suffisant? On peut en douter face au second phénomène que dénonce Vandana Shiva: la hausse des coûts de production.

Partout dans le monde, les producteurs agricoles font face à cette hausse. Elle est particulièrement catastrophique dans les pays en développement.

D'ou vient-elle?

Depuis quelques années, quelques multinationales dont la plus célèbre est Monsanto tentent avec un certain succès de mettre la main sur le marché des semances et des intrants agricoles. Ces entreprises sont très actives dans les couloirs de l'OMC.

Contrôler les semences tout en libéralisant les forces du marché. Belle contradiction!

Un paradigme de plus en plus contesté

La forte pression pour libéraliser les échanges dans le domaine agricole est basée sur un paradigme qui heurte de plein fouet les paysans:
La mouvance mondiale rapide, passant de marchés fermés, sur un axe national (protégé et subventionné) à des marchés mondiaux, ouverts (concurrentiels et moins subventionnés) constitue la pièce maîtresse de ce nouveau paradigme.

Promotion du bien-être mondial: Un nouveau paradigme pour revitaliser le développement agricole et rural. (Texte paru en 1998.)
Bref, partout l'agriculture doit s'adapter, devenir une business là où elle n'en est pas une, même au prix de la faillitte de millions de petits producteurs.

Les plus forts vont émerger et assurer le progrès des pays qui vont courageusement s'ouvrir à la concurrence mondiale, répondent ceux qui soutiennent la libéralisation. Au prix de combien de suicidés?

De plus en plus d'organisations paysannes dans le monde développé et en développement disent non à ce paradigme. Il se trouve que les dégâts causés à l'environnement par l'agriculture industrielle force aussi une sérieuse remise en question.

Pour les organisations de défense du droit à une autre agriculture, l'heure de la souveraineté alimentaire a sonné.

En Inde, cela passe par le Bija Yatra 2006-2007.

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