Une devinette : à combien estimez-vous le nombre d'enfants astreints à des formes de travail qu'il faudrait abolir ? La réponse à cette page ou à celle-ci.
Autre devinette : Pourquoi tous les enfants ne vont-ils pas à l'école?
Une partie de la réponse tient dans la vision même de l'enfance. Alors que nous concevons l'enfance comme une expérience protégée devant être vécue dans la famille et l¹école, les enfants des pays moins développés sont parfois vus comme des êtres compétents et responsables dans des sphères telles que le travail et la sociabilité dans les rues.
Mais des millions d'enfants sont carrément exploités. D'autres millions travaillent par nécessité économique.
Rien n'est simple. Interdir le travail des enfants ne voudrait pas dire que leur situation s'améliorerait.
Alors que faire ?
Cela semble aller de soi : la solution passe par le développement économique. Plus une économie est prospère, moins les enfants travaillent.
Éliminer le travail des enfants a cependant un coût : 760 milliards de dollars sur vingt ans. Mais les bénifices seraient sept fois plus élevés que les coûts.
Sortez votre calculatrice !
Parlant de sous, ce n'est pas parce que nous aurions une plus grande moralité ou un plus grand sens des droits de l'enfance que peu de nos enfants travaillent. C'est tout simplement parce que nos revenus nous le permettent.
Du moins pour la grande majorité d'entre nous. Mais pas pour tous. Cent vingt mille enfants aux États-Unis travaillent.
Beaucoup de ces enfants sont des clandestins. Les migrations de population vers les grandes cités du monde ajoutent à la complexité du phénomène.
Étrangers dans un pays inconnu, de trop nombreux enfants de mignants disparaissent.
Ailleurs dans le monde, d'autres prennent le chemin de l'esclavage, une des diverses formes que peut prendre le travail des enfants.
Si tout ceci ne vous a pas encore convaincu de l'urgence d'agir, si vous avez un coeur franchement néolibéral, sachez que le travail des enfants est économiquement contre productif .
Convaincu ?
AJOUT (12 juin 2005)
Paru dans le journal Le Soleil de Québec sous la plume d'Anne Drolet:
Sylvain Dessy, professeur au département d'économique de l'Université Laval, estime que bannir le travail des enfants cause plus de tort que de bien. Il s'est penché à maintes reprises sur le sujet, souvent avec son collègue de l'Université du Québec à Montréal (UQAM) Stéphane Pallage. Leur dernière étude, A Theory of the Worst Forms of Child Labour, a créé une onde de choc lors de sa publication en janvier 2005 dans The Economic Journal, même si les répercussions se sont peu faites sentir au Québec. Il aura d'ailleurs fallu environ trois ans à l'éditeur du Royaume-Uni avant d'accepter de la mettre dans ses pages, voulant d'abord s'assurer du sérieux de la démarche des deux Québécois.« There is now a widespread agreement that poverty is a major determinant of child labour (...) If the supply for the worst forms of child labour is a result of a poverty-constrained choice, then ILO convention C182 may be counter-productive in that it may exacerbate the very poverty that induces altruistic parents to allow their children's participation in this type of work. (...) Choice by children or altruistic parents would disappear if economic conditions were better. Poverty alleviation techniques would eliminate that segment of the worst forms of child labour. Neglecting better focused policies would amount to punishing those whose misery is so stark that horrible forms of child labour become the best option. For child labour resulting from abuse — e.g., deceived parents or abducted children — enforcement of bans, existing or other, could be the appropriate complement. We want to argue, however, that poverty alleviation measures will also reduce the incidence of such crimes. »
A Theory of the Worst Forms of Child Labour. (DP-EJ.pdf)

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