Une des leçons que les grandes organisations internationales et les pays en voie de développement ont appris à la dure, c'est que ce qui fonctionne dans un pays ne va pas forcément fonctionner dans un autre. Même que le contraire se produit bien plus souvent qu'autrement. Exit donc le «one size fits all». Pour le meilleur comme pour le pire, le développement 
est intimement lié aux identités culturelles, aux réalités desquelles il lui faut s'adapter. Et vice-versa.
Un des paradoxes de la mondialisation est qu'elle met en valeur la diversité culturelle des peuples de la Terre en même temps qu'elle la menace.
Les rythmes et les saveurs qui font la richesse d'un peuple, pour ne prendre que ces deux exemples, peuvent désormais s'intégrer beaucoup plus facilement à la culture de d'autres peuples.
En même temps, jamais n'a-t-on autant craint la perte d'identité culturelle face à un modèle universel de développement par la consommation qui apparaît comme un rouleau compresseur des cultures.
Craintes et espoirs de la mondialisation culturelle
Certains craignent l'occidentalisation des cultures, d'autres au contraire, voient dans la mondialisation une opportunité pour toutes les cultures de s'enrichir mutuellement.
Enrichissement certes, nous dit la Fédération Internationale des ligues de Droits de l’Homme (FIDH), tout en ajoutant qu' « il ne faut pas confondre culture mondiale et mondialisation des industries culturelles concentrées entre les mains d’une culture dominante, celle de l’Occident et plus particulièrement des U.S.A. »
Au fond, tout n'est-il pas question d'équilibre entre l'enrichissement culturel par l'ouverture à l'Autre et l'aliénation culturelle imposée par l'Autre ?
Paroles censées, me répondrez-vous, mais où tracer cette limite ?
Il est d'autant plus urgent de répondre à cette question que l'aliénation culturelle est un ferment de violence qui explique bien des conflits partout sur la planète.
Où commence l'aliénation culturelle ?
Ramenons un instant l'humanité à l'échelle du Bénin, un petit pays d'Afrique dont la population est d'environ 7,5 millions d'habitant, mais aussi formée de plus de 42 ethnies.
Lors des États Généraux de la Culture en 1990, le Bénin s'est doté d'une politique culturelle qui visait « le brassage de toutes les composantes ethniques du Pays afin de favoriser l'émergence progressive d'une véritable conscience nationale. »
En même temps, la politique culturelle du Bénin se réclamait de l'esprit de la conférence intergouvernementale Africacult (Accra, 1975) sur les politiques culturelles en Afrique dont l'idée maîtresse était celle d'une Afrique devant préserver et valoriser ses identités tout en se modernisant. Quelles identités ?
Vous voyez un peu le défi du Bénin : créer une personnalité nationale béninoise en respectant la personnalité de chacune des 42 ethnies.
Qui plus est, cette politique culturelle adoptée en 1990 reconnaissait la bipolarité culturelle du Bénin où une « culture pluri-ethnique endogène coexiste aujourd'hui avec une culture importée unifiée autour des modes de pensée et de conduite véhiculés par l'école, les média et les contacts avec l'extérieur. »
La conférence Africacult faisait de l'identité culturelle un fondement à la fois de l'indépendance et de la construction de nations africaines modernes et appelait à un développement ajusté au génie africain.
Toute la difficulté, au Bénin comme ailleurs en Afrique et dans le monde, ne vient-elle pas lorsque les identités culturelles se heurtent à la fois à la construction d'une identité nationale et à l'intégration à la mondialisation économique et culturelle ?
Vouloir imposer un modèle unique de développement dans ces conditions relève de la bêtise la plus profonde.
Une recherche au mot ethnies dans Google pour vous en convaincre?
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