Le 28 février 2005, au moment même où s'ouvrait le Forum de haut niveau de Paris sur l’efficacité de l’aide, Oxfam sonnait une charge à fond de train contre les pays donateurs.
Sommes-nous devant la quadrature du cercle ? D'un côté l'argent manque, de l'autre Oxfam démontre qu'il est très mal dépensé.
Imaginons que l'aide internationale soit une maison. Les pièces manquent de meubles. En revanche, les placards sont remplis des cadavres de nos bonnes et mauvaises intentions.
Une chatte aurait beaucoup de mal à y retrouver ses petits.
Certains pays en développement reçoivent 800 projets d'aide par an, accueillent plus de 1.000 missions pour surveiller les travaux, et rédigent 2 400 rapports trimestriels sur leurs progrès (...)Je vous fais grâce des bons et des mauvais côtés de l'aide internationale, fut-elle bilatérale ou multilatérale. Au fond, le problème n'est pas que dans l'insuffisance de volonté et du niveau d'aide des pays riches
La « fragmentation » de l'aide, mesurée par la Banque mondiale à l'aide d'un indice gradué de 0 à 100, est passé de 56 en 1975 à 67 en 1995 et oscille à ce niveau depuis lors.
Courrier international



Sautons aux conclusions du rapport.
Aid has a critical role to play in achieving the Millennium Development Goals. However, this aid has to be effective to make a real difference to the lives of poor people. Effective aid demands much more concerted donor efforts to cut red tape, reduce and focus conditions, untie, work within country systems, and make aid predictable and results-focused.En somme, Oxfam mise sur la bonne volonté des pays donateurs. Or en visant le noir des pays donateurs, cet organisme international ne risque t-il pas de tuer le blanc de l'effort international ?
Le principal obstacle ne serait-il pas autre ?
N'est-il pas temps de songer à revoir le paradigme de l'aide internationale ?
Pas besoin d'être Canadien pour avoir entendu parlé de péréquation. Essentiellement, il s'agit d'un système de redistribution des revenus entre les états provinciaux de la fédération canadienne, dans le but d'assurer à tous ses citoyens un même niveau de services publics, peu importe où ils habitent. Ce n'est pas de la charité, c'est un droit reconnu dans la Constitution canadienne.
Vous me voyez venir ?
Entrer de plein pied dans un paradigme du don, transformer la redistribution des richesses non pas en un acte charitable calculé, mesuré, pesé sur la balance de nos conditionnalités, de nos valeurs, quand ce n'est de nos intérêts, mais en un acte allant de soi, découlant du droit de tous les êtres humain à s'alimenter convenablement, à se faire soigner, à s'éduquer, à être égaux en dignité et en droits, ne serait-il pas beaucoup plus efficace ?
Bien sûr, cela exigerait l'existance d'institutions démocratiques et la mise sur pied, à l'abri de ces horribles règles de gouvernance qui créent l'illusion d'efficacité, de services publics accessibles à tous dans les pays dont la faible capacité de l'économie justifie un transfert de revenus.
Le passage d'un paradigme à l'autre ne pourrait pas se faire sans période de transition. D'abord, il faudrait un accord international sur les transferts de revenus. Ensuite, il faudrait une commission totalement indépendante chargée de s'assurer que le pays recevant un transfert respecte les droits de l'homme et a un véritable régime démocratique.
Enfin, il faudrait laisser chaque pays recevant un transfert décider pleinement, en toute souveraineté, des moyens à prendre pour améliorer le niveau de vie de sa population.
Une double exigence cependant : un niveau minimum de dépenses publiques en lien avec les Objectifs du millénaire pour le développement et l'obligation pour chaque pays recevant des transferts, d'avoir un vérificateur général totalement indépendant.
Voilà d'humbles suggestions d'un simple citoyen du monde.
Mais peut-être que tout cela ne serait que changer quatre trente sous pour une piastre.
Que diriez-vous plutôt du don des dons ?
Le grand Don.
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Quotidien Durable .Com - 2005 année du micro-crédit : "étape à réaliser pour la reconstruction d'un système économique global. »). Quoique je salue chaleureusement toute initiative individuelle, personnellement, je préfère de loin les initiatives collectives. Je penche même de plus en plus en faveur d'une péréquation universelle. Quand au micro-crédit, c'est une excellente idée s'il y a des projets collectifs l'accompagnant allant dans le sens d'un commerce plus équitable, comme l'a si bien compris "