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Un autre modèle agricole est possible

• Dimanche 17/09/2006

Des leaders agricoles et des représentants d'organisations non gouvernementales d'Afrique, d'Europe, d'Amérique latine et du Canada ont convergé les 11, 12 et 13 septembre vers Montréal. Une rencontre du Mouvement pour une agriculture équitable (Maé-Maé) s'y tenait sous le signe du droit des nations à la souveraineté alimentaire.

Au coeur des discussions de Montréal: les systèmes collectifs de mise en marché, plus particulièrement la gestion de l'offre.

Véritable hérésie pour les uns, instruments essentiels d'une Technorati qui peut assurer des revenus décents aux agriculteurs tout en permettant la souveraineté alimentaire pour les autres, la gestion de l'offre est à tout le moins l'antithèse du cycle de Doha.

Rappelons que ce cycle de négociations commerciales, entamées au sein de l'OMC en 2001, devait déboucher sur une libéralisation sans précédent.

Dans le cas de l'agriculture, l'ambition était «de remédier aux restrictions et distorsions touchant les marchés agricoles mondiaux et de les prévenir.» (La Déclaration de Doha expliquée.)

Tous ne sont pas d'accord avec l'objectif ultime de libéralisation des marchés des produits agricoles. Pour Via Campesina qui représente des millions de paysans, la libéralisation est à l'origine des sept plaies de l'agriculture moderne :

  1. ruine de millions de petits paysans;
  2. explosion de l'exode rural et l'augmentation exponentielle des flux migratoires;
  3. augmentation de la déforestation;
  4. concentration du foncier;
  5. érosion des sols;
  6. destruction de la biodiversité;
  7. pollution des eaux.
Ajoutons cependant que ces maux se sont produits avec ET sans la protection des marchés intérieurs.

Il se suffit pas de passer du concept de l'avantage comparatif, si cher aux partisans du libre-échange, à celui de la souveraineté alimentaire, notamment par la gestion de l'offre sur les marchés intérieurs, pour améliorer la situation des agriculteurs.

Il faut aussi revoir les façons même de produire qui «alimentent» le commerce international.

Mettre fin à une logique destructive

Même écoblanchie, la logique de l'industrialisation des productions agricoles, à l'échelle locale ou mondiale, n'est pas sans conséquence négative (lire, pour s'en convaincre, Des monocultures durables ? Non merci!).

Outre la destruction d'écosystèmes et la lente diminution de la diversité biologique, cette logique signifie aussi la disparition à plus ou moins long terme de millions de petits producteurs locaux.

Certes, elle promet la sécurité alimentaire pour tous par l'augmentation des rendements agricoles. Mais on peut se demander si le jeu en vaut la chandelle.

De plus en plus en doute et réclament rien de moins qu'un saut paradigmatique.

Alternatives au modèle agricole dominant

Dans une note publiée en 2001, Claude Roger de l'INRA parle d'un aggiornamento de l'agriculture dite «conventionnelle» (Agriculture raisonnée, multifonctionnelle, biologique,... : Quelles voies vers une "agriculture durable "?).

Dans le modèle de développement agricole unique adopté jusqu'ici, rappelle le chercheur, «il s'agissait d'abord et avant tout, d'augmenter la production et la productivité par travailleur et par unité de surface ou de cheptel, dans un objectif d'efficacité.»

L'industrialisation des productions agricoles a certes démontré ses limites, mais elle demeure encore aujourd'hui le modèle dominant à l'échelle mondiale.

Les producteurs qui ne suivent pas ce modèle sont soit des paysans vivant en quasi-autarcie dans les Technorati, soit une minorité regroupée dans «des "îlots" d'agricultures qui produisent sans trop artificialiser l'environnement tels que "l'agriculture intégrée" et "l'agriculture biologique"» dans les Technorati.

À l'échelle planétaire cependant, les enjeux scientifiques, agronomiques, environnementaux, économiques et sociaux de l'agriculture sont tels que les îlots alternatifs pourraient bien être en définitive le signal d'une profonde mutation vers une autre agriculture.

Ils devraient à tout le moins être une source d'inspiration là où l'agriculture n'a pas entamé son passage vers une production de type industriel.

Car un autre modèle agricole est possible, fondé sur les dix principes de l'agriculture paysanne.



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